L’Étrange Noël de Monsieur Jack est un film culte.
Mais derrière une histoire en apparence simpliste, le film aborde de nombreuses thématiques intéressantes.
Comment trouver sa place dans le monde quand on se sent différent des autres ? Peut-on devenir qui on veut ?
Ce film nous apporte un message philosophique très original.
Transcription intégrale du podcast
[0:00] Bonjour à tous ! Ce podcast est un réenregistrement du tout premier épisode de Anyfrench. En effet, à l’époque, j’avais un très mauvais micro et le son était catastrophique. C’est pour ça que j’ai décidé de le refaire intégralement et je vais donc reprendre exactement la transcription originale du premier podcast pour vous offrir un son de meilleure qualité.
[0:28] Alors aujourd’hui, j’ai décidé de parler d’un film qui s’appelle L’Étrange Noël de Monsieur Jack ou The Nightmare Before Christmas en anglais. J’ai décidé de faire ce podcast afin que vous ayez un support audio et une retranscription écrite que vous pourrez trouver en bas de la vidéo pour pouvoir pratiquer le français sur un sujet qui, j’espère, vous intéressera.
[0:57] Alors, j’ai voulu faire un podcast sur ce film que j’aime beaucoup, qui fait partie de mes films préférés. On attribue souvent ce film à tort au réalisateur Tim Burton. Or, Tim Burton n’a fait qu’écrire un poème qui raconte l’histoire de L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Mais en aucun cas, il n’est le réalisateur du film. Le réalisateur c’est Henry Selick, connu aussi pour le film James et la pêche géante, et aussi le film Coraline par exemple. C’est un film que je vous recommande vivement, d’ailleurs.
[1:35] Allez voir Coraline, c’est un film d’horreur génial. Mais attention aux enfants, ils risquent d’être traumatisés. Donc, ce film est en fait une collaboration entre trois personnes. Plus exactement entre Henry Selick, le réalisateur, le poème et quelques dessins originaux de Tim Burton qui n’a passé que huit jours sur le tournage et Danny Elfman, qui s’est occupé de la bande originale du film, c’est-à-dire de la musique.
[2:07] En plus d’être un film avec des images superbes, une musique géniale, une esthétique bien singulière et des personnages hauts en couleur… derrière une histoire en apparence simple, le film aborde des thèmes différents, des thèmes philosophiques que je trouve intéressants à relater dans ce podcast. Alors, je vais vous résumer un petit peu l’histoire du film tout en vous donnant l’interprétation personnelle que j’en fais.
[2:40] L’histoire parle donc de Jacques, le roi des citrouilles, où, en français, on l’appelle l’Épouvantail. Je ne sais pas pourquoi le terme : « pumpkin king » qui veut dire « roi des citrouilles », a été traduit par « Jacques l’Épouvantail ». Je pense que c’est une erreur de traduction, mais c’est comme ça. En français, c’est donc Jack l’Épouvantail ou « le roi des citrouilles » qui est dans le monde d’Halloween, dans la ville d’Halloween et avec ses amis, les monstres.
[3:15] Il œuvre chaque année pour rendre une fête d’Halloween la plus terrifiante possible à la population. Il excelle dans son domaine puisque c’est le roi des citrouilles. Et chaque année, il réussit à faire une fête exceptionnellement morbide et terrifiante pour tout le monde. Une fête qui est donc réussie aux yeux des habitants du village d’Halloween. Mais Jack est en pleine crise existentielle.
[3:45] Il a beau être le meilleur, être le fruit de l’admiration de toute la société d’Halloween qui l’observe avec admiration, il ne se sent pas à sa place. Il est lassé d’être le roi des citrouilles. Il est lassé de fêter Halloween et se sent en décalage avec ses congénères qui, eux, semblent très satisfaits de cette éternelle routine et qui ne semblent pas avoir envie de changer quoi que ce soit dans leur vie. Ils veulent chaque année fêter Halloween et œuvrer chaque année pour faire une fête morbide.
[4:23] Jacques s’isole donc seul et se sent évidemment comme un marginal, un peu comme un infiltré. Il joue son rôle, mais ne se sent pas à sa place. C’est en errant au hasard dans la forêt qu’il tombera sur la ville de Noël. La ville de Noël, il tombe dedans par hasard et découvre un monde qui lui est complètement étranger, complètement inconnu. Il ouvre les yeux sur une autre manière de percevoir le monde.
[4:56] Pour la première fois, il voit un monde où les gens sont heureux. Où les gens œuvrent à faire le bien, où tout est haut en couleur et où les gens semblent s’aimer et vivre en harmonie. C’est un endroit où même les odeurs sont agréables à sentir dans la ville. Lui qui est sans doute habitué à vivre dans une odeur permanente de putréfaction. Il ouvre donc les yeux sur un monde qu’il ne connaît pas et décide, émerveillé, d’aller raconter ce qu’il a découvert à tous ses amis d’Halloween.
[5:32] Il tient donc une réunion face à ses amis. Mais ce qui est surprenant, c’est qu’il essaye d’expliquer à ses camarades les monstres, ce qu’il a vu. Mais ses camarades n’arrivent pas à percevoir Noël que dans leur spectre de vision qui se limite à celle d’un monstre. Quand Jack leur montre un cadeau, les habitants s’imaginent que c’est un cadeau qui explose sans doute. Et qui permet de faire toutes sortes de méfaits.
[6:04] Quand Jack leur montre une chaussette que l’on peut suspendre au mur pour mettre des cadeaux ou des bonbons. Ses camarades s’imaginent immédiatement qu’on peut mettre un pied coupé dedans et que ça doit être merveilleux pour terroriser les autres. Jack est donc quelque peu déçu de sa prestation parce que si lui semble avoir vu quelque chose de différent, ses camarades observent ce qu’il voit lui-même, mais restent bloqués dans leur vision du monde monstrueuse.
[6:38] Jack ne se sent donc pas forcément mieux pour autant. Il s’isole chez lui et essaye de comprendre : qu’est-ce qui l’émeut dans la fête de Noël? Qu’est-ce que c’est, en fait ? Il dit une phrase, un moment assez ironique : « Il y a sûrement une façon logique d’expliquer cette fête bizarre. » On peut interpréter cette phrase de plusieurs façons. Il ne comprend rien, évidemment, parce qu’il n’y a rien, à mon sens, à expliquer. Soit nous trouvons quelque chose de beau et c’est ainsi, soit on le trouve laid, mais je ne pense pas que la rationalité vienne entrer là-dedans.
[7:18] C’est une question de ressenti, je dirais, ou de goût personnel. Finalement, alors que Jack n’a toujours rien compris à ce qu’était Noël parce qu’il ne comprend pas qu’il n’y a rien à comprendre, il pense trouver la solution à tous ses tracas en décidant de fêter lui-même Noël et de prendre la place du père Noël. Il ouvre sa fenêtre et crie à tout le monde que cette année, c’est eux qui vont fêter Noël.
[7:50] Tout le monde est heureux, tout le monde est d’accord avec lui. Finalement, la seule personne qui se rend compte que quelque chose cloche est la femme Frankenstein qui s’appelle Sally, une femme qui est retenue prisonnière par son créateur. Mais elle ne tient pas en place. Elle seule semble comprendre Jacques. Et surtout, finalement, c’est elle la personnage la plus lucide de l’histoire.
[8:18] Parce que non seulement elle comprend Jack et sa lassitude de vivre en tant que roi des citrouilles, mais elle comprend que Jack est en train de faire une terrible erreur et que Noël va être une catastrophe. Jack organise donc la fête de Noël et fait même kidnapper le père Noël. Et ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans le film L’Étrange Noël de Monsieur Jack, c’est que Jack se sent en décalage avec ses camarades parce qu’ils ne comprennent pas ce que lui essaye de montrer par rapport à Noël.
[8:52] Ses camarades sont aveugles à la beauté. Mais ce qui est assez ironique, c’est que quand Jack essaye de fêter Noël lui-même, il pense faire des choses merveilleuses et belles. Parce que lui-même le dit, il veut le faire le plus beau Noël qui soit. Seulement tout ce qui est beau pour lui selon son regard de monstre est terrifiant pour les autres. C’est ainsi qu’il se réjouit de créer un cadeau avec un cadavre le plus frais possible.
[9:25] Quand il va contacter le docteur, il va lui demander : « Pouvez-vous créer pour moi ces monstres ? » Il parle des rennes du père Noël. Parce que les rennes qu’il voit sur une illustration d’un livre, selon lui, il s’agit obligatoirement de monstres. Et d’ailleurs, quand Jack kidnappe le père Noël, il est persuadé que le père Noël ne peut être qu’un monstre avec des griffes. Et c’est là toute l’ironie de la situation. C’est que Jack comprend un peu mieux quelque chose que ses semblables.
[9:56] Mais finalement, il n’arrive pas à reproduire ce qu’il perçoit. Il est bloqué dans son être. Il ne peut pas faire autre chose que quelque chose de monstrueux. Il va donc fêter Noël, prend la place du père Noël et sème le chaos et la terreur dans la ville. Jack est persuadé qu’il est acclamé pour sa prestation. On lui tire dessus et il pense que c’est des feux d’artifice pour le remercier. Jack vit complètement dans un délire total.
[10:28] Il est imperméable à ce qui se passe autour de lui. Il pense bien faire, mais ne voit pas qu’il massacre tout sur son passage. Jack sera ramené à la réalité en se faisant tirer dessus sur son traîneau macabre équipé d’un cercueil et de ses rennes, composé d’os d’animaux morts collés entre eux. Il s’effondre et se retrouve seul dans un cimetière et réalise enfin que son Noël est en fait un véritable fiasco. Mais dans cet échec, Jack, finalement, réussit à comprendre quelque chose à propos de lui.
[11:04] Il réalise qu’il n’a pas besoin d’essayer d’être ce qu’il n’est pas, qu’il ne doit pas chercher à être ce qu’il croit qu’il devrait être. Mais il décide d’embrasser sa singularité et de vivre en tant que monstre, en tant que roi des citrouilles. Finalement, ce que Jack fait à la fin du film, c’est de s’accepter en tant qu’être. Et de se servir de ce qu’il est pour vivre en adéquation avec lui-même. Il est le roi des citrouilles. Il est le roi des monstres. Il est le roi d’Halloween.
[11:39] Et il va œuvrer pour exceller dans son domaine. Il retrouve finalement un sens à son existence et comprend qu’il n’y a pas besoin de chercher à changer ce qu’on est pour être heureux. Il remet les choses en place. Il libère le père Noël qui sauve la situation in extremis. Et Jack est enfin heureux, car il sait quelle est sa place dans le cosmos. Finalement, lui qui était aveugle et imperméable à tout ce qui se passait autour de lui, fini par se retrouver avec Sally.
[12:13] Il réalise qu’il aimait Sally depuis longtemps. Sally et Jack s’unissent et restent ensemble, on l’espère pour la vie. Jack est enfin en paix et va vivre en accord avec lui-même. Voilà, ce que j’aime beaucoup dans ce film, c’est qu’il aborde de nombreuses thématiques. Notamment, qu’est-ce que ça fait que d’être marginal. Est-ce que c’est mal de l’être et c’est aussi une leçon de tolérance et de connaissance de soi. Et la moralité est très originale, parce que là où un autre film aurait pu dire : si tu es le roi des citrouilles, si tu te bats suffisamment tu peux devenir le père Noël.
[12:58] Dans L’Étrange Noël de Monsieur Jack, le discours est inverse. Et explique finalement que : si tu es bon dans un domaine, si tu es un marginal, si tu excelles dans ce que tu es. Pourquoi chercher à être autre chose au lieu d’exploiter tes pleines capacités. Et c’est ce que je trouve vraiment intéressant dans ce message. C’est que Jack, quoi qu’il fasse ne peut faire autre chose que ce que dans quoi il est bon. Et c’est quand il accepte d’être ce dans quoi il est bon qu’il est enfin heureux et en paix avec lui-même.
[13:36] Donc si vous vous sentez un peu comme le roi des citrouilles, embrassez votre singularité et vivez comme vous êtes. Voilà j’espère que ce podcast vous a plu. Et vous, quelle est votre interprétation du film. Comment l’avez-vous perçu ? Partagez-vous cette vision que j’ai moi-même, cette analyse du film. N’hésitez pas à en faire part dans vos commentaires. Et j’espère que ce support vous permettra de progresser en français.
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